Aujourd’hui, c’est une mauvaise journée.
La définition peut varier d’une personne à l’autre, mais généralement, ça tourne autour de thèmes semblables : le réveille-matin n’a pas sonné, le chat a vomi sur le divan, j’ai arraché le rétroviseur de la voiture en sortant trop vite du garage #TrueStory, etc. Bref, une journée qui donne juste envie de retourner se coucher.
Ça arrive à tout le monde. À moi, à vous, à vos voisins. Sauf que depuis la mi-mars, ces simples mots ont pris une autre connotation pour moi.
Aujourd’hui, c’est une mauvaise journée.
Depuis la mi-mars, j’ai reçu un double diagnostic : dépression et trouble d’anxiété généralisée. La première, je la connais : je suis déjà passée par là au début de la vingtaine. Et franchement, je me doutais du deuxième; c’est juste que je ne savais pas exactement quel petit nom lui donner.
Aujourd’hui, c’est une mauvaise journée.
J’ai des roches dans les poches. Vraiment beaucoup de roches. Elles sont lourdes. Elles sont déjà là à mon réveil. En fait, elles sont toujours là. J’entends les oiseaux gazouiller par ma fenêtre entrouverte. Je devine le soleil qui filtre timidement à travers mes stores. Et je ne ressens rien. Juste rien.
Je finis par me lever et je sais que le highlight de ma journée va être de prendre une douche. Peut-être. Traîner des roches, c’est épuisant. Chaque geste est las et pénible. C’est comme une ride de train avec un détraqueur. Pas mille, juste un. Juste assez pour me donner l’impression que je ne sers à rien et m’empêcher de raisonner.
J’écris ce billet en sachant très bien qu’il n’est pas palpitant. Je pense que c’est légitime : je l’écris en direct d’une mauvaise journée. Toute mon énergie y passe et les roches qui me pèsent dessus me font des ecchymoses. Je l’écris parce que c’est important d’en parler. De nuancer. D’apprendre à vivre avec la maladie mentale. Mes mauvaises journées ne sont pas toutes identiques. Celles de ceux qui vivent aussi avec la dépression et un TAG ne le sont probablement pas non plus.
Aujourd’hui, je n’ai pas la force de combattre le vide. Je le laisse m’engloutir et j’angoisse à l’idée de ne pas réussir à me battre.
Demain, on verra. Peut-être que les roches seront un peu plus légères. Ou peut-être juste un peu mieux réparties dans mes poches, pour me laisser retrouver un brin d’équilibre et me permettre d’avancer sans trop tituber. Ça serait pas pire pantoute.