Depuis que je suis toute petite, on m’a appris que les menstruations sont « sales » et qu’il ne faut pas en parler. Surtout pas devant les garçons. Je ne savais pas ce que c’était, mais je savais qu’un jour, dans le fond de ma petite culotte, il y aurait du sang. Et ce sang, je devais le comprendre, était impur, répugnant et surtout, malpropre #Nope. Bref, ces quelques jours par mois où je saigne de la ploune, je me transforme en personnage de film d’horreur, j’ouvre les portes d’ascenseurs de l’Overlook Hotel et je déverse un flot sanguin cauchemardesque digne de The Shining.
En vieillissant, je me suis mise à avoir hâte d’arriver à ce moment #LolPasLol. À 12 ans, en fait, j’étais très excitée d’ENFIN voir du sang en allant aux toilettes : un peu plus, et je hissais ma culotte sur un mat pour en faire mon drapeau de la fierté #LesTempsChangent.
Heureusement, ma mère m’avait expliqué très tôt que les menstruations, c’était comme « une petite maison qui se construit chaque mois pour accueillir les bébés dans ton ventre, et qui se détruit chaque mois si personne ne vient habiter la petite maison. » Je trouve l’explication adorable. Aujourd’hui, cela fait 10 ans que j’ai des menstruations. Chaque mois, la roue tourne et je tache une paire de bobettes. Chaque mois, une maison se construit et se déconstruit dans mon utérus. Et c’est aussi le cas pour la très très grande majorité des femmes.
En insérant dans la tête des petites filles que les menstruations sont sales et honteuses, ça revient à dire qu’elles DOIVENT se sentir sales et honteuses de par leur condition de femme. Rappelez-vous comment vous viviez ce moment, petite? Ne surtout pas le dire à papa, c’est maman qu’il faut aller voir. Un homme (que j’ai malheureusement fréquenté) refusait tout simplement d’arriver à la caisse avec des tampons si j’étais dans ma #SharkWeek et que j’avais la malchance de ne pas être à ses côtés. Cet homme, I guess, ne voulait surtout pas que la caissière pense que c’était pour lui, les tampons. Il ne voulait pas qu’elle s’imagine qu’il avait un vagin, peut-être? C’est complètement absurde, je sais, mais ce genre de situation est récalcitrant.
Combien d’hommes (et de femmes…) vous ont informé qu’ils ressentaient un certain malaise face aux menstruations? Probablement trop beaucoup. Nous évoluons dans une société où c’est correct d’avaler du sperme, de lécher de la mouille, de vomir lors d’une soirée (trop) arrosée, de s’envoyer des Snapchats de nos crottes, etc. Mais dans cette même société, si vous demandez un tampon ou une serviette à une amie ou collègue, assurez-vous de le faire discrètement. Je peux comprendre que certaines personnes n’aiment pas le sang EN GÉNÉRAL, et c’est ben correct. Ce qui n’est pas normal, c’est l’immense stigmatisation autour de l’écoulement utérin.
Pourquoi ressentir un si grand malaise vis-à-vis nos origines? No menstrues, no life. Si votre mère vous a porté, c’est que pendant neuf mois vous avez existé à l’intérieur même de son utérus. Et les menstruations, ce n’est que la muqueuse utérine qui, inféconde, se détache de ses parois pour s’expulser hors du corps de la femme. Je ne trouve pas ça sale, je trouve ça beau, en fait. Vive les menstrues!
Et vous, êtes-vous à l’aise lorsque des femmes parlent de vos menstruations? Pensez-vous que les femmes sont des êtres impurs et dégoûtants parce qu’elles portent la vie?