Je suis une activiste body-positive et pro-diversité depuis environ 5 ans. En dépit de ma forte implication pour la cause, certaines personnes remettent en question la légitimité de mon combat contre le modèle de beauté unique. Pourquoi? Parce que je suis mince.
Vous n’apprendriez probablement rien de nouveau si je vous disais que la relation que l’on entretient collectivement envers le corps est truffée de double standards. On dénonce, entre autres, le culte de la minceur extrême, sans toutefois se réjouir du pouvoir d’influence donné aux mannequins taille plus dans l’industrie de la mode. Tout ça, soi-disant pour des raisons de santé.
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Mon malaise face à la pensée populaire, c’est que l’on évoque l’obésité avant même que la condition d’une personne en surpoids ne soit nuisible pour sa santé. On est tellement aveuglé par le modèle de beauté unique que l’on en vient à assumer immédiatement qu’être gros est le résultat d’un mode de vie malsain (scoop : non, ce n’est pas toujours le cas).
On ne peut pas blâmer une personne parce qu’elle est atteinte d’anorexie ou de boulimie – qui sont d’abord et avant tout des maladies mentales, rappelons-le – ni en responsabiliser une autre par rapport à son surpoids. Ce genre d’attitude haineuse envers le corps contribue à sa stigmatisation, et fait fi d’un tas de facteurs incontrôlables pesant pourtant lourd dans la balance.
Non, les habitudes de vie d’une personne ne sont pas nécessairement visibles!
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En 2016, on continue de voir des mannequins d’à peine 120 lb se faire refuser l’accès à des agences parce qu’elles sont jugées trop grosses. On continue de voir des jeunes filles et des femmes sauter régulièrement des repas dans le but de perdre du poids. On continue de voir des ados victimes d’intimidation parce qu’ils sont gros ou maigrelets. On continue bel et bien de voir les effets d’une pression sociale liée à l’apparence, sans égard à la silhouette ni au poids.
De mon côté, depuis que je suis toute petite, mon poids ne s’est pratiquement jamais situé dans les trois chiffres. « Chanceuse », vous vous direz peut-être, mais en réalité, il en est tout autrement. Jour après jour, je me bats contre les vestiges d’un lourd passé d’intimidation. Je me bats contre l’auto-critique, une image corporelle défavorable et contre des troubles alimentaires qui nourrissent le mal-être dont j’essaie, tant bien que mal, de me délivrer.
Donc, quand je vois des modèles plus en chair telles que Tess Holliday et Ashley Nell Tipton être bien dans leur corps et l’affirmer ouvertement, je me dis qu’au-delà de la santé physique, il y a aussi la santé mentale, un privilège qui n’est exclusif à personne. Parce que la beauté, elle est dans la diversité. Et quelles que soient nos caractéristiques corporelles, nous en faisons tous partie.