Je n’allais pas bien.
Je m’isolais dans ma chambre. Les bibittes noires de mes pensées avaient envahi mon corps. Mes neurones étaient malades : j’étais en dépression solide. J’étais fatiguée d’aller mal, tannée d’échouer en essayant d’aller mieux. Je me sentais toute seule de ma gang. Parce que t’sais, la maladie mentale, c’est un esti d’elephant in the room. Je voulais guérir, mais je n’y arrivais pas. Dans ma tête malade, j’étais brisée pour toute la vie. Une chose perdue au milieu de ses couvertures, de la musique triste dans ses oreilles.
Ça faisait quelques mois que j’étais en dépression. J’étais épuisée; au boutte du boutte de ce que j’avais l’impression de pouvoir affronter. J’ai voulu mourir. Moi qui avais suivi une formation en prévention du suicide. Je me trouvais tristement ironique.
J’avais un plan. Je ne vous l’expliquerai pas ici, ce n’est pas le but de mon article. J’avais décidé de comment j’allais mourir. C’était un soir de fin janvier, il faisait froid. L’hiver se jouait de moi.
Juste avant de passer à l’acte, j’ai eu un terrible vertige. Je ne pouvais pas. Pas parce que je voulais vivre, pas sur le coup. Ce soir-là, il y a deux choses qui m’ont gardée en vie : ma maman, et la petite sœur de ma meilleure amie, qui avait la leucémie. L’une m’avait donné la vie, l’autre ne voulait pas la perdre. Dans ma tête, je leur devais de vivre.
C’était il y a deux ans.
Deux ans depuis le jour où je ne me suis pas suicidée. Je ne vous dirais pas que les deux dernières années ont été plaisantes. J’ai eu mal. J’ai énormément travaillé avec mon médecin et ma psychologue. J’ai passé un séjour à l’hôpital parce que j’avais trop peur de me faire du mal. Cependant, il y a eu des beaux moments. Des moments doux, drôles et tellement beaux. Des rencontres incroyables. J’ai voyagé, j’ai aimé, j’ai dansé toute seule dans la rue à -30, j’ai écrit le rose et le gris de ma tête.
Tous les jours, je me pose la question : « Pourquoi je reste en vie? ».
Je trouve un peu plus de réponses chaque jour.
Parce que les amis (et l’amour)
Parce que l’île d’Orléans
Parce que plein de choses que j’apprends à découvrir.
Je veux vivre pour me trouver encore plus de raisons d’aimer être là, en vie. Je sais que je suis à risque. Mes neurones ne sont pas parfaitement guéris. Il n’y en aura pas de facile, mais je serai là.
Si ça ne va pas, il y a de l’aide. Je vais dire la phrase chiante, mais vraie, que ma mère m’avait dite : « Ça va passer ». Même les plus grosses tempêtes ont leur accalmie un moment donné. Je le jure.
La vie, c’est le plus beau des tours de manège.
Si vous n’allez pas bien et avez des pensées suicidaires, il y a des ressources pour vous :
- Les centres de crises
- L’Ordre des psychologues du Québec
- Les services psychosociaux du CLSC
- Suicide Action Montréal
Vous pouvez aussi aller à l’urgence de l’hôpital le plus proche. C’est ce qui a le mieux fonctionné pour moi.
Accrochez-vous, ça va passer.