Laisser pousser son poil pendant deux mois : se battre contre ses propres préjugés.
Auteur.e AnonymeComme beaucoup de femmes occidentalisées, j’ai vécu LE rite de passage : 12 ans (plus ou moins), une salle de bain, un rasoir. J’allais devenir une femme. Je devais me débarrasser de ma pilosité naissante. Chop chop sur mes jambes et mes aisselles, il fallait fitter dans le moule.
J’étais officiellement devenue une adolescente, un petit bout de femme.
Après des années d’épilation (10 ans!), je commence à réaliser l’absurdité de la chose. Mais quel est ce mystérieux tabou qui entoure la pilosité féminine? Pourquoi nous entêter à enlever nos poils?
Le patriarcat nous dit que les poils de femme sont laids. L’industrie de l’épilation s’enrichit un peu plus chaque jour. La culture du rasoir semble bel et bien ancrée dans nos vies. Elle était bien établie dans la mienne en tout cas.
Crédit : Pony/Facebook
Petit à petit, je me suis intéressée à la pensée féministe. Révélation : une femme peut faire ce qu’elle veut avec son corps. Le maquillage, l’habillement et même l’épilation sont DES CHOIX. Il appartient à chaque femme de définir sa beauté.
C’est bien beau en théorie, mais un peu plus compliqué à mettre en pratique.
Certaines normes sociales de beauté sont très difficiles à faire disparaître de notre esprit. Du moins, du mien!
Crédit : Célia Marquis
Mais j’y travaille. Si bien qu’au mois d’août dernier, j’ai voulu tester mes propres limites et le regard des autres, et ma capacité à faire fi de ce dernier. J’allais arrêter de me raser pour deux mois.
J’ai trouvé l’expérience très difficile. Ce n’est pas le regard des AUTRES sur mes poils qui m’affectait. En effet, je n’ai eu que très peu de commentaires sur mes aisselles poilues. J’ai observé quelques regards furtifs, mais rien de plus. Mon copain n’a même pas semblé remarquer la nouvelle moi.
La partie la plus tough de cette expérience a été mon propre regard.
J’avais la ridicule impression que plus j’étais poilue, moins j’étais féminine. Je me gossais moi-même avec mes préjugés. Le premier mois a été le plus difficile. Je voulais empoigner un rasoir à tout moment.
Par contre, au fil des semaines, je me suis surprise à aimer mon nouveau look. Je me trouvais fierce. Mon poil était long et je me trouvais encore jolie. Je n’aurais jamais pensé la chose possible.
Je vais pousser (tudumtsi) encore un peu plus loin, l’expérience : laisser allonger mon poil un peu plus.