Ça peut sembler un peu étrange, mais à ma puberté, j’étais contente d’avoir du poil. J’étais fière de ma « ploune velue ». J’avais l’impression de vieillir et j’aimais ça.
Mon bel enthousiasme s’est envolé lors d’un cours d’éducation physique en secondaire 2. Une de mes collègues en shorts de basket parlait de son dégoût suprême pour les poils pubiens. Éclat de rire général dans le vestiaire des filles.
Tout le monde semblait d’accord avec elle.
C’était un de ces fameux moments où, à l’adolescence, on aimerait disparaître de la surface de la Terre.
Étais-je anormale avec ma pilosité pubienne?
Crédit : Pony/Facebook
Il fallait que je me conforme. J’ai tout rasé le soir même. J’avais 13 ans.
Avec du recul, je conçois que c’était un peu drastique. Personne ne voyait jamais ma vulve à part moi. Je crois que la peur d’être « différente » peut parfois être très forte à 13 ans. Dès lors, je me suis scrupuleusement épilé la vulve. J’ai eu mes premières relations sexuelles avec un sexe imberbe.
La pornographie est aussi entrée dans ma vie. Ces modèles de vulves sans poils me confirmaient que l’épilation était la norme sociétaire. Personne ne voudrait faire l’amour avec moi si j’avais des poils pubiens.
Lorsque j’ai commencé l’université, je me suis fait de nouvelles amies. C’était en 2012. Sous fond sonore de changement social, on avait toutes sortes de discussions. J’ai découvert plus en profondeur la pensée féministe. Mes nouveaux ennemis étaient devenus le patriarcat et les normes sociales de beauté.
Crédit : Célia Marquis-illustration/Facebook
Certaines de ces nouvelles amies avaient du poil partout sur le corps, jambes, aisselles et vulves comprises. Je les trouvais belles et courageuses. Par contre, je n’étais pas prête à faire de même. Les petits traumas d’adolescence, ça peut trotter longtemps dans une tête.
Il y a quelques mois, j’ai fait un shooting nue avec un incroyable photographe pour un de ses projets artistiques. Nous avions convenu qu’avec son concept, il serait davantage intéressant que j’aie du poil sur la vulve.
J’ai beaucoup aimé la sensation.
Je ne me suis plus épilé.
À ma grande surprise, aucune bombe atomique antipoils n’a frappé la surface de la Terre. Mon copain a continué de me désirer.
En fait, ça n’a pas semblé le déranger d’un poil (lolilol).
Je tente l’expérience de la vulve poilue depuis plus de six mois déjà. Je crois que je me sens mieux de cette façon. Les repousses et l’épilation me rendaient très inconfortable.
Je défends maintenant, avec ferveur, le libre choix du poil de vulve. Sexe velu ou imberbe, c’est à chaque femme de décider, et elles ne devraient jamais être jugées ou shamées par autrui.
Crédit : MissMe/Facebook