Parlons makeup-shaming. J’agis toujours comme chair à canon quand vient le temps de discuter de ça. Je n’ai plus peur de me mettre en danger, parce que j’ai les outils pour me défendre.
Commençons comme ça : j’aime le maquillage. C’est probablement devenu l’une des choses m’ayant fait le plus de bien, dans la vie. Avec le cinéma et l’écriture.
Je connais beaucoup de gens qui participent à cette vague du « naturel avant tout ». Qui voient dans chaque modification corporelle une espèce de menace à la nature, au bon sens, à Dieu, peut-être. Des gens qui voient dans chaque choix s’éloignant de leur vision très « pure », un manque de jugement, ou l’aveu d’une pauvre estime de soi-même. Jusqu’à accuser ces choix moins purs de démontrer, peut-être, un certain penchant masochiste…
Le danger n’est pas toujours celui qu’on soupçonne.
Dans le monde du maquillage, de la mode, des tatouages, chacun a sa philosophie. Que ce soit politique, religieux, artistique, ou juste pour le fun. J’en passe.
J’ai un intérêt pour presque toutes ces choses qui permettent de faire de mon image un moyen d’expression. Je considère mes vêtements, mes cheveux et mon maquillage comme un tout chaque fois que je prépare ma journée. Je vais m’habiller simplement si mon maquillage est chargé. Je vais agencer un rouge à lèvres très rouge à ma petite marinière, parce que #TaylorSwift. Et maintenant que j’ai les cheveux rasés, je joue avec mes yeux comme s'ils étaient des pierres précieuses.
Je vois le maquillage comme un outil de transformation, un outil qui complète les vêtements depuis que la mode est mode. Un outil qui ne sert pas à nous cacher, mais à transformer nos visages, hérités des traits de nos parents. Exprimer ce qui est à l’intérieur, pour se sortir, un peu, de ce que la génétique a forcé sur nous.
Parce que c’est ça qui m’écœure dans les beaux discours de la beauté « naturelle ». C’est le fait qu’on soit obligés de s’y plier, tout le temps. Comme s’il n’y avait qu’une seule manière d’être belle ou beau.
Le maquillage, comme la mode, ce sont des outils de choix. Ils peuvent être utilisés, ou pas du tout. Et l’un ou l’autre n’est pas moins bon, ou correct, ou moins « noble ».
Les femmes ont été forcées à se sentir prisonnières du maquillage depuis longtemps. À coups de magazines sournois, de règles de beauté, de dictats du paraître. Et moi, je me rebelle en utilisant le maquillage à ma guise. À outrance, comme par absence.
Le problème avec tous ces beaux discours, c’est qu’on est toujours trop maquillées, ou pas assez. Le problème, vous dis-je, c’est que tout le monde se donne le droit d’avoir son opinion. Quand, tenez-vous bien…
Ça ne concerne personne d’autre que vous-même.
Le maquillage n’est pas un outil pour plaire aux autres. Et cette espèce de droit de veto que se donne la plèbe sur Internet, sur la surabondance ou le manque de cosmétiques sur le visage d’une femme (et des hommes, de plus en plus), c’est non seulement inutile, mais c'est aussi très nocif.
Ces liens maladroits qui sont trop souvent faits entre l’estime de soi et le fait de se maquiller, c’est ce qu’il y a de plus dangereux. Parce que de juger la liberté d’autrui de faire ce qu’il ou elle veut de son propre corps, c’est participer à la marginalisation des gens qui se donnent le droit d’être ce qu’ils veulent.
L’opinion des autres, ça ne vaut rien. C’est juste un obstacle entre le besoin de plaire et le vrai soi. Pensez-y, la prochaine fois que vous voudrez essayer quelque chose de différent.
Et pensez-y surtout la prochaine fois que vous voudrez donner votre opinion.
Avez-vous déjà vécu une situation où l'on vous reprochait un manque ou une surabondance de maquillage?