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Cachez ces opinions que je ne saurais voir : une réflexion sur Internet.
Crédit: Alex Viens
Internet me surprend toujours.

Ça fait un bout que j’ai adopté la philosophie du « Je vais te retirer de ma liste d’amis Facebook si tu publies des choses ignorantes, intolérantes ou injustes ». Parce que les débats sur Internet m’écœurent. Parce que ça ne me fait pas bien feeler en dedans. Stress inutile.

Inutile donc de vous préciser que mon feed de réseaux sociaux est orienté de manière positive par mes valeurs. Je ne connais pas les pensées les plus racistes de l’ancienne petite bully de mon primaire. Ni les généralisations pitoyables de « bon gars dont les méchantes filles profitent » de mon ancien collègue de travail. J’achète un peu ma paix intérieure.

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais dans mon fil Facebook presque sans fausse note, parfois, il y a des connaissances qui dégueulent le fond de leurs pensées sur un article féministe que j’ai pu partager. S’il y a un débat à avoir, je l’aurai. Et si les divergences sont si grandes que je ne peux pas expliquer sainement mon point de vue, je laisse le débat mourir quelques jours. Et j’oublie.

Je vois les débats qu’ont mes amis sur des sujets plus controversés. Et j’en vois, des commentaires ignorants qui n’appartiennent pas à mon petit cercle sélect de gens « corrects ». Ça me confronte indirectement à la réalité. Mais je m’en sors en n’étant pas responsable d’y répondre. En pouvant tourner mon attention ailleurs. À la « bonne » place.

Récemment, avec les publications sexistes du Rockfest et cette réflexion niaiserie de Jean-François Mercier, je me suis heurtée à une haine que je ne soupçonnais même plus dans les quelques milliers de commentaires qui s'en sont suivis. Évidemment, ça me fâche. Ça me fait réaliser que tout ce monde-là habite encore sur la même planète que moi. Pis ça me rappelle surtout à quel point l’Internet n’a pas de justice.

 

C'est épuisant de jouer aux Robin des bois des Internets.
Crédit : capture d'écran par Alex Viens
 

À cause de tout ça, j’en suis venue à me demander à qui la faute. Si je fermais les yeux sur le vrai monde en sélectionnant mes amis virtuels. Si je jouais à Dieu en « limitant la liberté d’expression » des gens dont l’opinion me choquait. Si je fuyais une certaine responsabilité sociale en glissant plus loin, plus vite, à la vue d’un débat juteux sur Facebook…

La vérité, c’est que j’en vois, des choses laides. Mes réseaux sociaux ne sont pas remplis de vagins de toutes les couleurs, de toutes les formes. Je n’ai pas d’images sereines de petites mains noires et blanches se serrant la pince sur un fond de globe terrestre. Je lis des choses qui me choquent, qui m’indignent, qui me poussent à m’informer sur des réalités qui me touchent personnellement, ou pas du tout. Ces amis que j’ai sélectionnés au peigne fin m’aident aussi à analyser des situations complexes qui passent dans l’angle mort des médias de masse. Je cultive mes influences, pas mon ignorance.

Parce qu’à mon humble avis, les débats sur Internet ne font de justice à personne. La rage au clavier a rarement changé l’opinion creuse de quelqu’un qui trouve que « toutes les femmes sont des salopes » ou que « les musulmans ont juste à retourner en musulmanie s'ils ne sont pas contents. » Le combat que j’ai choisi est le mien. Et je considère avoir largement élevé le niveau de mes échanges, si je peux discuter des différentes branches du féminisme plutôt que d’avoir à défendre le fait qu’une femme ne mérite pas de se faire violer si elle se déhanche dans une discothèque (discothèque, really?). D’autres chats à fouetter, t’sais.

J’admirerai toujours la patience et la force de celles et ceux qui s’évertuent à remettre sur le droit chemin #LesGens aux opinions les plus violentes et les plus intransigeantes sur Internet (shout-out spécial à Gabrielle Lisa Collard, cette Artémis du Web). Peut-être qu’un jour je prendrai le front avec vous, plus souvent qu’il ne m’arrive de le faire. En attendant, je prends des forces.

Et je cultive mon jardin. 

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