Lecture du mois prochain : La face cachée de Margo (version française de Paper Towns) de John Green, juste à temps pour la sortie en salle du film! J’espère d’ailleurs que l’adaptation au grand écran sera aussi bien faite que celle de Nos étoiles contraires. Le compte-rendu est sous l’image, gare aux spoilers!
Crédit : Renaud-Bray
Le Matou a été publié en 1981, mais raconte les aventures de Florent et Élise Boissonneault dans le milieu des années 1970. Ils sont entourés d’une armée de personnages des plus colorés, qu’on se plaît à aimer ou à détester. J’ai lu Le Matou pour la première fois en 5e secondaire, dans le cadre de mon cours de français. J’avais déjà lu un roman jeunesse (Une histoire à faire japper) d’Yves Beauchemin auparavant, mais Le Matou était son premier livre pour adultes que je me décidais à ouvrir. Je dois avouer que je n’ai pas été déçue : ce bouquin ultradivertissant me suit depuis, et je prends plaisir à le relire de temps en temps.
Crédit : razorbill.ca
Je trouve que l’histoire navigue de façon exceptionnelle entre les genres, tout en jouant avec les clichés qu’on pourrait considérer comme réducteurs. Tantôt intrigue policière et tantôt drame, Le Matou reste intrigant jusqu’à la dernière page et est infusé d’une bonne dose d’humour. Ses héros sont attachants et authentiques : Florent et Élise forment un beau couple qui se tient, le cuisinier Picquot me fait mourir avec ses grands discours et Ratablavasky est officiellement l’un des pires personnages du monde littéraire.
Comme je disais plus haut, Le Matou comporte son lot de clichés; je trouve cependant qu’ils sont amenés avec subtilité et qu’ils sont utilisés pour aider au développement de l’intrigue sans tomber dans la caricature. Par exemple, la tante de Florent habite en Floride et ils vont habiter avec elle pendant quelque temps. Ben oui, tout le monde connaît un snowbird qui va passer l’hiver dans le Sud; mais ici c’est ce move qui crée un rapprochement avec le cousin religieux, qui lui à son tour trouvera le livre pour faire chanter ce damné Ratablavasky.
Crédit : Hai Da Spicciare?/Tumblr
Il y a aussi la dimension du langage parlé, qui est très québécois sans être châtié; on sent tout de suite que c’est là pour mettre l’emphase sur les protagonistes afin de les rendre plus réels à nos yeux. Même chose avec l’anglais : les personnages anglophones le parlent pour vrai lors de leurs interactions. Le livre en tant que tel est ancré dans la réalité québécoise des années 1970 et dans le Montréal de l’époque, un peu comme Tremblay avait fait avant lui. Les repères culturels sont présents et encore très forts, même plus de 30 ans après sa parution. Je trouve que ça ajoute au réalisme de l’histoire. Qui sait si Florent et Élise n’ont pas réellement existé, ou encore si le véritable monsieur Émile cuve toujours son alcool quelque part dans la ville?
Avez-vous aimé Le Matou? Avez-vous lu d’autres romans écrits par Yves Beauchemin?