J’avais toujours eu l’alcool joyeux.
Je me souviens de ces étés où, presque tous les soirs, je laissais le vin me faire devenir ce que je voulais être. Sans être complètement saoule, j’étais toujours un peu pompette. Pour de courts instants, je pouvais oublier le regard des autres. Je me débarrassais de la tonne de brique sur mes épaules et je me sentais bien. Yolo, t'sais.
Je réalise maintenant les failles dans ma logique de l’époque. Dans ma tête, j’étais une irréductible Gauloise avec sa potion magique fermentée. Je ne voyais pas qu’il était problématique que je doive boire pour que mon cerveau oublie sa bataille contre l’anxiété. J’ai donc ignoré mon corps. Je l’ai laissé me crier à l’aide sans y porter attention. Jusqu’à ce que, kamikaze, il décide de me lancer l’ultime message : la dépression.
Crédit : Rachel Jablonski
Depuis presque deux ans, j’essaie de me guérir de cette maladie. Pour m’aider dans mon épique bataille, je prends des antidépresseurs à un dosage assez élevé. Au début, je me permettais encore des soirées bien arrosées, mais j’ai vite dû me rendre à l’évidence. Pour ma santé, il a fallu que je réduise ma consommation d’alcool à son strict minimum. En buvant, j’avais l’impression d’attaquer encore une fois mon corps déjà malade. Les virgin cocktails sont devenus mes meilleurs amis.
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Maintenant, j’assume ma quasi non-consommation d’alcool. Par contre, j’ai remarqué, bizarrement, que la sobriété peut parfois être rabaissée en situations sociales. Lorsque je sors, je dois constamment me justifier. L’alcool désinhibe. Certaines personnes me disent ainsi plus facilement qu’elles me trouvent beige avec mon taux d’alcoolémie à 0.
« Non, si je ne bois pas, ce n’est pas parce que je suis poche, c’est parce que je prends des médicaments et que c’est mieux pour moi comme ça. »
Avec du recul, je me rends compte que j’étais pareille. Il m’est arrivé d’encourager des gens à consommer. Il m’est même arrivé de culpabiliser les gens sur leur sobriété. Parce que boire est la seule façon d'avoir du plaisir.
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Je ne juge absolument pas les gens qui boivent. Tout le monde décroche et relaxe à sa façon! J’aimerais que l’on se questionne un peu plus sur la place de l’alcool dans nos vies. Une initiative comme le défi 28 jours sans alcool est, selon moi, une bonne façon d'amorcer cette réflexion.