Aller au contenu
La sobriété et le regard des autres : un cocktail bien amer.
Crédit: Paméla Lajeunesse/Nightlife

J’avais toujours eu l’alcool joyeux.

Je me souviens de ces étés où, presque tous les soirs, je laissais le vin me faire devenir ce que je voulais être. Sans être complètement saoule, j’étais toujours un peu pompette. Pour de courts instants, je pouvais oublier le regard des autres. Je me débarrassais de la tonne de brique sur mes épaules et je me sentais bien. Yolo, t'sais.

Je réalise maintenant les failles dans ma logique de l’époque. Dans ma tête, j’étais une irréductible Gauloise avec sa potion magique fermentée. Je ne voyais pas qu’il était problématique que je doive boire pour que mon cerveau oublie sa bataille contre l’anxiété. J’ai donc ignoré mon corps. Je l’ai laissé me crier à l’aide sans y porter attention. Jusqu’à ce que, kamikaze, il décide de me lancer l’ultime message : la dépression.
 

Depuis presque deux ans, j’essaie de me guérir de cette maladie. Pour m’aider dans mon épique bataille, je prends des antidépresseurs à un dosage assez élevé. Au début, je me permettais encore des soirées bien arrosées, mais j’ai vite dû me rendre à l’évidence. Pour ma santé, il a fallu que je réduise ma consommation d’alcool à son strict minimum. En buvant, j’avais l’impression d’attaquer encore une fois mon corps déjà malade. Les virgin cocktails sont devenus mes meilleurs amis.
 


Crédit : Carlianney Ho

Maintenant, j’assume ma quasi non-consommation d’alcool. Par contre, j’ai remarqué, bizarrement, que la sobriété peut parfois être rabaissée en situations sociales. Lorsque je sors, je dois constamment me justifier. L’alcool désinhibe. Certaines personnes me disent ainsi plus facilement qu’elles me trouvent beige avec mon taux d’alcoolémie à 0.

« Non, si je ne bois pas, ce n’est pas parce que je suis poche, c’est parce que je prends des médicaments et que c’est mieux pour moi comme ça. »

Avec du recul, je me rends compte que j’étais pareille. Il m’est arrivé d’encourager des gens à consommer. Il m’est même arrivé de culpabiliser les gens sur leur sobriété. Parce que boire est la seule façon d'avoir du plaisir.
 


Crédit : giphy
Il y a quelque temps, la pétillante Marilou de Trois fois par jour a elle aussi fait une sortie publique pour expliquer pourquoi elle ne buvait plus d’alcool. Je l’ai trouvée forte et inspirante. Par contre, à ma grande surprise, elle a eu beaucoup de commentaires mesquins et humiliants sur cette déclaration. Comme s’il pouvait être angoissant d’être confronté à sa propre consommation d’alcool. Parce que la boisson est présente partout et, je trouve, un peu banalisée. Parce que, oui, l’alcoolisme est un problème souvent ignoré et qui fait des ravages dans notre société.

Je ne juge absolument pas les gens qui boivent. Tout le monde décroche et relaxe à sa façon! J’aimerais que l’on se questionne un peu plus sur la place de l’alcool dans nos vies. Une initiative comme le défi 28 jours sans alcool est, selon moi, une bonne façon d'amorcer cette réflexion.

Plus de contenu