Je suis une plotte à maquillage autoproclamée.
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C’est dû en grande partie à YouTube et à ses Beauty Gurus, qui ont quintuplé mon savoir cosmétique et ont transformé ce qui était d’abord un intérêt en une véritable obsession pour le maquillage.
Je suis une bonne consommatrice de produits cosmétiques et la publicité m’affecte beaucoup, même si j’aimerais croire le contraire. Avec l’arrivée des tendances printanières, j’ai eu un choc en réalisant à quel point les couleurs pastel étaient partout et ne convenaient qu’à très peu de gens. Et c’est la même chose pour presque toutes les tendances cosmétiques : le canevas est majoritairement blanc.
Dernièrement, la tendance du contouring a fait rage sur YouTube et dans tous les Sephora. Le contouring consiste à jouer avec les ombres du visage pour obtenir des traits plus définis et dramatiques. Toutes les marques, no joke, ont sorti un contour kit. La plupart des contour kits ne se vendent que dans une seule couleur et se veulent « universels ».
L’affaire, c’est que le contouring, même s’il inclut aussi de jouer avec les zones lumineuses du visage, est une technique principalement dédiée aux peaux claires et le choix restreint des couleurs en est un peu la preuve.
Aussi, ceux et celles qui ont la peau claire ont le luxe de chercher une formule qui leur convient avant d’acheter un fond de teint. Le choix de la couleur est secondaire et on prend celle qui a l’air la plus naturelle possible. Pour les peaux foncées, c’est plus difficile de trouver une marque qui tient sa couleur que de trouver la formule qui conviendrait.
Mentionnons justement de grandes marques comme Chanel ou Dior (pour n'en nommer que deux), qui n’offrent que des teintes froides light to medium. Le marché cible en est un riche, traditionnel et caucasien. Rien ne justifie qu’une marque puisse se priver d’un aussi grand marché, sauf évidemment si c’est un marché qu’elle ne souhaite pas servir du tout. Know what I mean?
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La demande de produits pour peaux foncées n’est pas moins grande. Mais dans une industrie qui considère la clientèle « de couleur » comme étant optionnelle, on pourrait carrément parler de racisme.
Soyons honnêtes : l’industrie du maquillage est dirigée par des blancs, pour les blancs. On y utilise toujours les peaux claires comme référent pour les tendances, les publicités et les couleurs, alors que le marché pour peaux plus foncées est traité comme l’exception à la règle blanche. Ce référent renforce entre autres le préjugé selon lequel « les peaux noires sont plus difficiles à maquiller ».
Je vous dis le punch : en réalité, ce ne sont pas les peaux foncées qui sont dures à maquiller. C’est l’offre sur le marché qui rend ça difficile.
Je le pense honnêtement quand je dis que YouTube est une belle plate-forme pour la diversité et pour la démocratisation des savoirs cosmétiques. Mais la liste des Beauty Gurus les plus populaires n’est pas tellement plus diversifiée que l’industrie elle-même. Et quand on constate à quel point la scène YouTube noire est underground, j’ai beaucoup de misère à croire que c’est seulement une question de représentation.
Ce n’est pas non plus parce que je chiale que je suis moins conditionnée à chercher des YouTubers à la peau claire : mon compte YouTube vous le prouvera malheureusement. Je pense qu’on est tous et toutes un peu conditionnés par l’idéal de beauté que nous renvoie l’industrie du maquillage, même sans le vouloir.
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Le but, c’est évidemment de remettre en question la responsabilité de l’industrie elle-même, mais aussi la nôtre là-dedans. Je ne crois pas en la bonne foi d’une industrie dirigée par des hommes blancs. Par contre, je crois avec passion que s’il peut y avoir un changement vers une industrie du maquillage inclusive et représentative, ce sont les consommateurs qui devront l’exiger. Et si une poignée de petits blancs comme moi pouvaient se sentir concernés par une injustice qui leur profite, on pourrait sans doute mieux dénoncer le racisme complaisant de l’industrie des cosmétiques.
Vous sentez-vous discriminé(e)s par certaines grandes marques de cosmétiques? Qu’est-ce qui vous frustre le plus quand vient le temps de magasiner un produit?