Quand elle a commencé son métier qui deviendrait toute sa vie, il n’y avait pas encore de mot officiel pour la désigner. Facteuse? Factrice? Postière? Facture (no joke)? Finalement, ce fut « factrice ».
Crédit : Michèle Guérette
Cette année, ça fera 30 ans que Michèle est factrice pour Postes Canada. Une histoire assez cute.
À la fin de ses études universitaires en enseignement élémentaire, Michèle travaillait dans une boutique d’alimentation naturelle au coin des rues Rachel et Berry. Un jour pluvieux, son patron a eu besoin qu’on livre des lettres chez les commerçants environnants. Elle détestait la pluie, mais encore plus sa job, donc elle s’est portée volontaire.
« Ça a été une révélation : j’étais seule, je pouvais y aller à mon rythme et j’étais dehors! » Elle a donc appliqué chez Postes Canada et est devenue factrice.
Le matin, Michèle fait du tri de 7 h 30 à 9 h, puis elle part livrer jusqu'à 15 h 30 dans son camion!
Crédit : Michèle Guérette
À l’époque, elle était la seule femme dans sa succursale, exception faite d’un transsexuel (un homme qui était devenu une femme)!
Évidemment, elle a dû faire ses preuves, mais étant en forme, ça se passait super bien. Elle ne se souvient même pas en quoi consistait le test physique pour avoir le poste, t'sais! Par contre, celles qui réclamaient de l’aide constamment n’étaient pas prises au sérieux. Comme je l’ai déjà dit ailleurs, le système D s’impose dans un milieu de gars. « Tu fais pas une job d’hommes si t’es pas capable! », soutient Michèle.
Elle a bien eu un ou deux patrons misogynes, mais le pire c’était surtout le public ou des clients (dans le jargon du facteur, les clients = les gens chez qui on livre le courrier). Notre factrice préf' se souvient d’un vieux monsieur qui lui a lancé un jour : « On peut ben pu avoir de job tabarnak! » Pour ce charmant personnage, elle était une voleuse de jobs d’hommes. #Ostie
Moment full stats : En 1985, les femmes étaient plus absentes sur le marché du travail. Juste en 2006, Service Canada recensait qu’elles occupaient 31 % des postes de facteurs au Canada, le double de ce qu’on dénombrait en 1991 (15 %). Y'a de l'espoir!
Ayant étudié dans un environnement sage, Michèle s’est sentie comme au zoo à sa première succursale, coin Sainte-Catherine et Hôtel-de-Ville. Peu habituée de croiser des prostituées, des robineux, etc., elle a dû apprendre à dealer avec ça.
Mais il y a aussi des moments le fun, comme quand elle sonne chez un client et que la porte s’ouvre sur un Adonis en petite tenue *wink wink*.