« OMG, je suis tellement OCD » : vivre avec un trouble obsessionnel compulsif POUR DE VRAI.
Annie NonymeTout a commencé il y a quelques années, alors que j’étais dans le début de la vingtaine. J’ai toujours été une personne anxieuse, mais à cette époque, on peut dire que le stress était à son comble. Je venais de déménager dans une autre province et de commencer l’université, et je devais faire face à toutes ces nouvelles expériences par moi-même, sans le soutien de ma famille et de mes amis.
Lors d’un souper entre amis au restaurant, j’étais en train de faire du small talk lorsque soudain, comme sortie de nulle part, une pensée vraiment bizarre s’est glissée dans mon esprit. C’était quelque chose de vraiment méchant et gratuit, auquel je n’aurais jamais pensé naturellement. J’ai essayé de chasser cette pensée, mais plus j’essayais, plus elle prenait de la place dans ma tête. C’était aussi futile que de dire à quelqu’un : « Essaie de ne pas penser à un chat. »
À partir de ce soir-là, les choses n’ont fait qu’empirer. Ma tête était remplie de pensées horribles, j’avais l’impression d’avoir perdu le contrôle de mon cerveau. J’étais devenue paranoïaque, j’étais certaine que des choses horribles allaient arriver à mes proches et moi. À un certain point, je n’arrivais plus à dormir. Je ne voulais plus sortir en public, convaincue que les gens allaient réussir à lire le contenu horrible de mes pensées sur mon visage.
J’ai aussi développé des manies qui faisaient de ma vie quotidienne un enfer. Je vérifiais des dizaines de fois que mes portes, mes fenêtres, mon four, etc. étaient fermés. Je pouvais me lever pendant un cours et retourner chez moi pour m’en assurer. J’avais un rituel de phrases que je devais me répéter absolument dans ma tête avant de me coucher; ça pouvait prendre des heures. Toute mon énergie y passait.
Ma détresse a fini par attirer l’attention de mon entourage. Mes parents et mon chum m’ont forcée à aller consulter et j’ai enfin reçu un diagnostic après un an à souffrir en silence : trouble obsessionnel compulsif.
Malheureusement, le T.O.C. est une maladie encore méconnue et bien mal représentée, autant dans les médias qu’au quotidien. Je ne compte plus les fois où j’ai entendu des remarques du genre « OMG, j’aime organiser mes crayons par couleur, je suis tellement OCD! ». Comme si un T.O.C. n’était rien de plus qu’un trait de personnalité. Il s’agit d’une réelle maladie qu’on ne doit pas prendre à la légère. À cause d’elle, chaque jour qui se dresse devant moi est un défi.
Depuis mon diagnostic, je prends des médicaments pour maîtriser mes symptômes et j’ai un suivi psychologique. Mais mon histoire ne se termine pas avec un « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », comme dans les films. Bien que mes symptômes soient atténués, la maladie me suit toujours comme mon ombre et fera probablement toujours partie de mon quotidien. Je ne perdrai probablement jamais les quelque 100 livres gagnées à manger compulsivement pour essayer de calmer mon angoisse. Je prendrai probablement toujours des médicaments qui diminuent ma concentration et me rendent comme un zombie sur le plan émotionnel. Je ne veux pas avoir d’enfants, de peur de leur transmettre ma maladie et mon mal-être.
Malgré tout, je n’ai pas dit mon dernier mot. Je n’abandonne pas l’espoir que les choses puissent s’améliorer. Je suis toujours là, et ça, c’est une victoire en soi.