Et voilà, les deux parties du documentaire Beauté Fatale ont maintenant été présentées à Télé-Québec. Vous pouvez revoir la partie 1 ICI et la partie 2 ICI.
Pour ma part, j'ai déjà publié deux textes inspirés par le sujet : une réflexion sur mon cheminement sur mon corps ICI et un exercice à faire ICI.
J'ai aussi fait du twivage durant la présentation des émissions, parce que le débat m'intéresse pour vrai. J'ai accroché sur un argument, fait un angry tweet, bloqué trois personnes qui me traitaient de conne pis je me suis rappelée que de participer au débat public, c'est lourd des fois.
C'est lourd parce que plusieurs personnes invoquent l'argument : « Elle est tellement belle Léa, voyons qu'elle s'en fait de même avec son apparence pis toute. » Non. Voir que c'est possible de manquer d'empathie de même?!
Premièrement, les troubles alimentaires sont des maladies mentales au même titre que la dépression et compagnie. C'est rare qu'on dise à une personne qui a le bras cassé d'essayer de vivre sa vie normalement sans se limiter, mais pour les maladies mentales c'est toute autre chose. L'anorexie est une maladie difficile à effacer de son corps et de sa tête. Que la personne soit fucking belle (ou pas) n'y change rien. Sa perception d'elle-même est déformée, et cette détresse-là donne le besoin de contrôler quelque chose comme l'alimentation. Elle ne feel pas et veut mourir, mais à petit feu. C'est souvent un gros appel à l'aide.
Deuxièmement, une personne a le droit de vivre ses malheurs avec l'intensité qu'elle veut. Qui sommes-nous pour juger le malheur des autres? Ça m'a toujours fasciné qu'une personne qui est « privilégiée » par son apparence, la couleur de sa peau, ses moyens financiers ou son exposition dans le monde médiatique ne puisse pas être malheureuse. Si ça fonctionnait exactement comme ça, la vie serait facile en maudit. Évidemment, certaines personnes vivent ENCORE PLUS de misère (souvent systémique) à CAUSE DE leur couleur de peau, de leur orientation sexuelle ou de leur portefeuille. Oui, c'est vrai, c'est quelque chose qui doit changer, mais ça n'invalide pas la douleur des autres.
Minimiser la pression qu'une personne X-Y-Z vit est un problème. Une personne qui ne se maquille pas ne doit pas invalider le besoin des autres femmes de se maquiller. Une personne bien dans sa peau ne doit pas invalider la souffrance et la difficulté de s'aimer d'une autre. Selon moi, ce genre de discours crée plus de culpabilité que de changement positif.
Crédit photo: Jeff Lee sur intagram
Au plus fort de la dépression de Carolane, tout le monde lui disait qu'elle était vraiment belle, qu'elle n'avait vraiment pas l'air d'avoir des problèmes et qu'elle avait un corps parfait. À ce moment-là de sa vie, elle avait la peau sur les os, car elle n'était plus capable de se lever ni de manger. Pas parce qu'elle était heureuse et en santé…
La meilleure façon d'aider une personne qui feel pas, c'est de l'écouter. D'être là pour elle. De la rassurer. De lui dire que ça ira mieux si elle se permet d'aller mieux. De lui montrer les ressources disponibles. De l'accompagner dans sa démarche. De lui montrer autre chose, de lui changer les idées. C'est surtout pas en invalidant son malheur en tout cas.
Beauté Fatale aura permis de montrer que peu importe si une personne correspond aux standards de la société, ça se peut vraiment qu'elle ne se sente pas bien. Que la pression vienne de ses parents, de ses amis, de la SOCIÉTÉ, du monde de la mode ou des cosmétiques, c'est une pression qu'un personne vit pour vrai. Je trouve ça vraiment beau de voir l'ouverture de toutes les femmes dans le documentaire.
Est-ce que le documentaire est parfait? Non. Est-ce qu'il représente LA BEAUTÉ AU COMPLET. Non plus. Mais il ne faut pas oublier que Léa Clermont-Dion ne peut pas porter sur ses épaules tout le poids de la beauté et de ses paradoxes.
Demain, je vais d'ailleurs donner des trucs concrets pour changer les choses.
Aussi, à toutes les détractrices de Léa Clermont-Dion, je vous conseille de lire ÇA.