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La crise de la vingtaine : mythe ou réalité?
Crédit: Lost In Translation

« Hier encore, j’avais 20 ans, je gaspillais le temps … », lançait Aznavour sur un ton doux-amer.
 
Hier encore, je tournais la bouteille du destin du bout des doigts. Je riais à gorge déployée en essuyant la bière qui me sortait de par le nez. Je fermais les yeux sur No Surprises de Radiohead, un sourire béat aux lèvres.
 
Je dévalais la banlieue endormie sous les feux des lampadaires. En guise d’applaudissements, un public de grillons aguerris.
 
Puis un matin, ça m’a fessée en pleine face. Les soirées alcoolisées qui s’enchaînent, du pareil au même. Le monde fake. Les amis avec qui ça ne colle plus, mais qui nous rendent coupables pour autant. La peur de l’engagement. La course aux stages. Le vomi de matière sur une feuille de papier. Des bouts de peau entrecoupés. Les factures qui s’empilent. Un besoin urgent d’envoyer tout valser.
 
Mais surtout, le vide. Comme un cancer généralisé. Le sentir se propager jusqu’à la pointe des pieds.
 
« Et si notre existence était une suite perpétuelle de nos vies en ce moment ? », demandais-je à mon amie sur le chat Facebook. « Dude, je pense que t’es en crise de la vingtaine », a-t-elle conclu en m’envoyant un autocollant de chat (celui-là).

La crise de la vingtaine : mythe ou réalité? Alors qu’on se croit invincibles, que nos parents ne cessent de répéter que ce sont nos plus belles années, on est là à procrastiner sur Reddit en boudant ce roman que l’on avait commencé. Un sentiment de pesanteur sur le cœur, on en vient à se demander si l’on n’est pas ingrats d’être jeunes et en bonne santé. Si la crise de la vingtaine existe, sommes-nous plus enclins à la crise de la trentaine, de la quarantaine, de la cinquantaine? On a droit à un nervous breakdown par décennie?
 
STOP.
 
L’autre jour, je suis allée me coucher dans un tas de feuilles du parc Laurier. Y faisait gris, j’avais le vent frette dans la face et mes cuisses me grelotaient qu’elles n’étaient pas habillées pour l’occasion. Y’avait un petit poodle qui me jappait dans l’oreille droite son mécontentement.  
 
Ce n’était pas la plus belle journée, mais j’étais bien. J’ai compris que tout était une question de perception. Mettre la switch à off, comme on dit.
 
Je me suis donné le droit d’arrêter de culpabiliser pour un rien. D’apprendre à dire non. De ne plus m’épuiser à entretenir de vieilles relations. D’être beige quand l’envie me prend. De prendre chaque chose en son temps. D’apprécier les petites bribes d’authenticité. La vulnérabilité. D'avoir du fun avec ou sans 6 consommations dans le nez. 
 
D’avoir vingt ans, justement. Comme je l’entends.
 
Pis le vide?
 
De l’apprivoiser, lentement. 

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