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Parler à cœur ouvert avec son père
Crédit: Youssef Shoufan

Je suis musulmane. Ça, vous le saviez déjà. Par contre, ce que vous ignoriez peut-être, c'est que chez les musulmans, la femme doit se marier avec un homme de la même confession religieuse qu'elle. Eh oui. Il y en a pour qui ça fait leur affaire. Pour d'autres (genre moi), c'est plutôt un casse-tête. 

J'ai été chanceuse. J'ai grandi dans une maison ouverte, à cheval entre la tradition et la modernité. Le vivre et laisser vivre faisait partie de notre quotidien. Mes parents ne m'ont jamais obligée à quoi que ce soit en ce qui concerne ma pratique de l'Islam. Nous avons toujours eu des conversations sur des sujets normalement tabous ou gênants. Parler de contraception avec son père, ce n'est pas donné dans toutes les familles, toutes confessions religieuses confondues. Cependant, un sujet est toujours resté difficile à aborder pour moi. Les garçons. Pour plein de raisons. Gêne, peur de décevoir, de créer un scandale, etc. 

Je n'ai jamais eu le guts de présenter mes petits copains plus ou moins sérieux. Je n'avais pas envie de dealer avec toutes les conséquences que ce genre de geste allait amener. Oui, j'étais chicken. Je l'avoue. Sans honte. Ça arrive et c'est correct. 

Et puis, il n'y a pas longtemps, j'ai rencontré un gentil monsieur que j'ai appris à apprécier de jour en jour. On a pris notre temps. On s'est apprivoisés. C'est devenu sérieux sans vraiment que l'on s'en aperçoive. Il m'a présentée à ses parents. Il a attendu que j'en fasse de même. J'ai figé. Je lui ai dit non. Je lui ai dit qu'il fallait attendre. Attendre le bon moment. Attendre mon OK intérieur. Oui, c'est lourd, mais c'est comme ça. C'est mon bagage, ma vie, ma famille et pour moi c'était très important que mon monsieur comprenne ça. Je déteste me faire brusquer dans la vie ou me sentir obligée de faire quelque chose.

Bref.

Dimanche dernier, après nous être bourrés la panse de gigot d'agneau, mon père et moi avons eu ZE TALK.  Une conversation qui s'est terminée par un « S'il te traite bien et que tu es heureuse, c'est ça qui compte. Pour le reste, tout est une question de valeurs, et non de religion ou de nationalité ». Amen.

Je vous partage ça, pas pour vous obliger à faire votre coming out personnel à vos parents. Au contraire, je comprends le struggle et le temps que ça peut prendre avant de faire le saut. Et jamais je ne jugerai quelqu'un sur ses choix de vie. J'écris sur cette petite tranche de la mienne, seulement pour vous dire que des fois on laisse cette peur irrationnelle guider nos gestes. Alors que justement, elle est irrationnelle et on ne devrait pas s'y fier. Le seul conseil que je peux vous donner c'est : prenez votre temps. Quand vous sentirez que c'est le moment, le bon monsieur/la bonne madame, le bon toute, dites-le. Je suis sûre, qu'in the end, vous serez surprise de la réaction de vos parents. 

Et vous, avez-vous déjà vécu ce genre de situation?

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