Le poil, les vergetures et Summum : réflexions sur nos idéaux de beauté impossibles #fuckyall
Marie-Hélène GouletCommençons par le commencement : aye Summum, fuck you. T’es le Hustler des pauvres pis tu mérites pas à ce que je m’attarde à penser à ton existence, toi pis ton équipe éditoriale de mottés.
Sauf que tu es apparu dans mon newsfeed, hier. Non seulement tu pouvais pas juste dire « NOUS ON PHOTOSHOP PARCE QUE 150 % PLUS DE TOTONS FUCK YEAH! MOTOCROSS! », fallait aussi que tu décroches une droite à des femmes qui t’ont rien demandé, contribuant casually à la misogynie ambiante. Une semaine après UCSB, me semble que ce n’était pas nécessaire.
C’est probablement parce que je ne suis « pas apte à comprendre » l’humour de moron. C’est une chose de show off le corps de la femme pour donner un boner à son lectorat, et, parenthèse, je ne veux absolument pas remettre en question les femmes qui jouent cette game-là. More power to them. Cependant, est-ce que c’était vraiment nécessaire de dénigrer la madame-tout-le-monde?
Je veux dire, est-ce qu’on a besoin de rabaisser les femmes pour vendre plus de torchons?
…
Poser la question, c’est y répondre.
Grâce à Summum, les filles de TPL se sont embarquées dans une conversation Facebook assez épique sur les normes de beauté, la pression sociale, la quête de la perfection et… le poil. Dans la liste des sévices qu’on s’auto-fait-subir au nom de la féminité, se raser down there trône tout en haut avec un rasoir 5 lames TURBO comme sceptre royal. Plusieurs filles vivent bien avec leur vulve nue et plusieurs filles haïssent ça pour mourir, mais toutes s’entendent pour dire ceci : ça fait mal. C'est pas le fun. Que ce soit au rasoir, à la cire ou avec le laser, l’entretien des poils ne se fait pas sans douleur. Mais on accepte ça par amour, par hygiène ou parce qu’une prof de ballet dit que c’est comme ça que ça doit se faire.
Mais, vraiment?
Un pattern a attiré mon attention : dans la quinzaine de femmes qui ont participé à la conversation, la plupart ont commencé à se raser à la suite d’un commentaire désobligeant d’un proche. Des fois c'était un cousin, des fois une matante, et souvent « le gars que je trouvais cute en secondaire 3 ». Elles ont toutes été amenées à se questionner sur leur apparence pour ensuite se conformer à « la norme ». Plusieurs d’entre elles ont remis en doute ce choix, plus tard dans la vingtaine, parce qu’elles en avaient plein le cul de se raser plusieurs fois par semaine. Fait étonnant, certaines ont réappris à aimer le poil après qu’un homme en ait exprimé la préférence. Comme si, à chaque fois, elles avaient besoin de se sentir validées par le regard de l’autre.
(Ce qui est une bonne chose dans toute relation où les partenaires se parlent et se respectent. WHATEVER FLOATS YOUR BOAT, TOUT LE MONDE!)
De mon côté, j’ai constaté l’influence de l’éducation et de mes pairs d’une façon un peu différente. J’ai pas mal toujours eu une relation positive avec mon corps, merci à ma mère qui est très « ton corps est ton temple ». Le poil? Normal. Le gras? Normal. Avoir 15 ans et les bras qui touchent à terre? Normal (même si très lol). Là-dessus, j’étais bien équipée. Je n’ai eu aucune matante pour venir me dire que mon poil de noune dépassait de mon costume de bain, amen.
D’un autre côté, mon adolescence a été plutôt stricte côté « avoir une vie sociale », ce qui tombe bien, parce que j’étais nerdy et #latebloomer. Et je n’ai jamais senti le besoin de commencer à me raser le vag’ parce que toutes mes bests le font. Moi pis mes bests, on jouait aux Sims. Aux Sims pas sexu.
Tout ça pour dire que rendu au moment d’avoir un chum and stuff, j’étais bien confortable dans ma décision de rester poilue. Pour moi, c’était la norme. MA norme. Je me trouvais un peu alien, mais j’étais bien avec ça.
Pourquoi?
1. Mon éducation.
2. L’absence de pression sociale autour de moi.
Évidemment, tout le monde a une histoire différente; la mienne n’a servi qu’à illustrer mon point. Le poil pourrait également être remplacé par n’importe quel patente qu’on fait au nom de la beauté. Et laissez-moi être crue rien qu’un peu : fourrer une fille qui a les jambes poilues, c’est fourrer une fille pareil. C’est le fun, ou pas, mais le fluffy de mollet n’a rien à voir avec ça. Le désir sexuel est plus complexe qu’une jambe douce et n’importe quel dude/magazine de dude qui vous dit le contraire a la tête dans le cul, en plus d’avoir foxé son cours de biologie. De toute façon, dans un monde idéal, on passerait pas notre temps à se demander quoi faire pour être plus attirante pour que la société nous donne une petite tape dans le dos parce qu’on est étiquetées comme good enough pour pogner avec le sexe opposé.
En attendant, dans le monde réel, on peut s’éduquer un peu plus, s’aimer un peu plus et arrêter de vouloir être parfaite tout le temps.
Et je vous dis pas ça parce que je suis meilleure que toute vous autres. J’suis chill avec mon poil, mais je ne suis pas à l’aise avec ma face tant que je ne suis pas maquillée. Je suis OBSÉDÉE par mes cheveux pis sentir bon. C’est vrai, l’influence qu’a la société sur nous est fucked up et nous conditionne depuis notre naissance. On nous apprend à être insatisfaits, encore et toujours. Soyons-en conscients au minimum.
On n’abolira pas le patriarcat demain, mais on peut commencer par y être moins sensible.
Et avec l’été qui s’en vient, apprenons surtout à se retenir de faire un commentaire pas fin à notre cousine de 14 ans qui a du poil qui dépasse de son costume de bain. Parlez-y donc de One Direction qui fume du weed au Pérou ou whatever ce que les JEUNES aiment de nos jours.