Vous en avez sans doute entendu parler : il y a quelque temps, le Nacho Libre, un bar geek du quartier Rosemont, a publié sur sa page Facebook deux blagues à l’humour douteux portant respectivement sur le viol et la violence conjugale. (I know, yay.)
L’affaire n’est pas nouvelle, alors je vous la résume rapidement : beaucoup de gens se sont emportés en accusant l’établissement d’encourager la culture du viol par la banalisation de la violence sexuelle et conjugale envers les femmes, particulièrement au sein de la communauté geek, qui n’est malheureusement pas étrangère à la misogynie.
L’histoire a fait un tollé qui s’est répercuté jusqu’en France. L'administrateur de la page Facebook du bar a finalement retiré les images et a présenté ses excuses. Fair enough? Honnêtement, je ne pense pas.
Bien que j'aie d'abord douté de la pertinence de ma réaction viscérale face à tout ça, je me suis rapidement ravisée après un petit tour sur leur page Facebook : ce qui m'attriste et m'exaspère au plus haut point, c’est qu’on trouve maintenant autant de reviews positifs que négatifs de l’endroit. J'ai beau essayer, je suis INCAPABLE de m’expliquer comment l'établissement peut jouir d'un appui aussi important dans toute cette histoire.
Je sais que #lesgens sont caves, mais au point d'exprimer publiquement leur désir d’aller dans un endroit justement parce qu’on y fait des jokes de viol? De dire aux femmes qui critiquent le Nacho Libre qu’elles ont un bâton dans le cul et du sable dans le vagin?
S’IL VOUS PLAÎT. Qu’on ne vienne pas me raconter après ça qu’on n'est pas en train d'encourager la misogynie, câlice.
On a tendance à l'ignorer, mais la culture du viol, ça n’existe pas juste dans les villages éloignés de l’Inde ou dans les communautés puritaines des États-Unis. Pas plus que ça ne s’applique qu'aux cas de viols où les victimes sont culpabilisées, le crime minimisé et les coupables déresponsabilisés.
Ça passe aussi, et surtout, par les trop nombreux stéréotypes qui sont véhiculés en société. Ceux de la femme tentatrice qui doit être punie ou encore ceux de la femme frigide qu’il faut déniaiser.
Le pire, c’est que ça nous vient inconsciemment, même chez les femmes. C’est d’ailleurs quelque chose qui m’irrite beaucoup, parce qu’en côtoyant ma belle-famille italienne, dont la mentalité est plutôt arriérée (lololol) conservatrice, j’y suis constamment confrontée. Même la mère de mon copain, une femme de 43 ans – pas une nonna, là! –, considère que la responsabilité incombe à la femme si elle a été violée alors qu’elle était saoule. FOR REAL.
C’est pour vous dire comment certaines façons de penser, aussi wrong soient-elles même pour notre propre sexe, sont ancrées en nous. D'ailleurs, que celles qui ne se sont jamais adonnées à AUCUNE forme de slut shaming me jettent la première pierre. Même nous, nous ne sommes pas étrangères à ça sur TPL (et c'est quelque chose sur lequel on a décidé de travailler). Qu'on le veuille ou non, perpétuer ces stéréotypes, c'est un peu encourager le problème et y contribuer.
Voilà pourquoi, même s’il ne s’agit probablement que d’une action maladroite et peu réfléchie de la part de l'administrateur de la page du Nacho Libre, c’est le genre de trucs qu’il faut, à mon avis, dénoncer impérativement. Parce qu’il reste encore BEN DU MONDE à éduquer.
De plus, loin de moi l’idée de faire des raccourcis fallacieux, mais déjà que je n’encouragerais pas un endroit qui banalise la violence et participe à un certain degré à la prolifération de la misogynie/culture du viol, j'irais encore moins dans un bar où une partie de la clientèle trouve ça potentiellement drôle de droguer les filles pour les pick up. Juste au cas où…
J’exagère un peu, mais n’empêche que je suis vraiment découragée qu’au nom de l’humour noir, de l’intertextualité geek et de la liberté d’expression, on se permette d’offenser les victimes d’un crime odieux tout en alimentant un problème de société qui est bien réel.
Vous en pensez quoi de tout ça?