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Une intervenante nous parle de la semaine de prévention du suicide
Crédit: Unsplash

Cette semaine, c’était la semaine de prévention du suicide. Le suicide est souvent le mal-aimé de la santé mentale. On en parle beaucoup moins que d’autres problématiques et pourtant, le taux de suicide au Québec est assez important, sans compter les tentatives.

Comme je suis intervenante, j’ai reçu des formations spécifiques sur comment intervenir quand une personne présente des idées suicidaires. Je dirais que les premières formations auxquelles j’ai assisté semblaient davantage pour se déculpabiliser et se conforter d’avoir bien agi. Celles qui ont suivi ont été davantage axées sur la discussion avec la personne qui souffre et l’importance d’en parler.

Tant mieux, parce que c’est vrai que c’est le message le plus important quand on parle de suicide : en parler. Parler du suicide comme tel, mais parler de la souffrance aussi de l’être humain qui est devant nous.

Malgré toutes les formations du monde, je crois que mes collègues qui travaillent en santé mentale, ou les proches d’une personne qui présente des idées suicidaires seront d’accord avec moi. Ce n’est pas si simple. C’est difficile et tout à fait attendu d’être paniqué devant quelqu’un qui affirme vouloir en finir. Même si on connaît « les procédures » de comment agir, ça ne nous prépare pas à l’impuissance que nous allons vivre devant un humain qui souffre à ce point.

Depuis que je suis intervenante, je crois que l’impuissance est un des sentiments les plus difficiles à gérer. On peut facilement rentrer dans du protocolaire pour se convaincre qu’on a fait ce qu’on pouvait ou encore se mobiliser à outrance et trop en faire. Je pense qu’il est important quand on est pris avec l’impuissance que ça suscite ou notre propre malaise, d’aller en parler à des personnes en qui on a confiance.

Comme intervenant ou comme proche d’une personne touchée, on a le droit d’aller parler de nos inquiétudes et de notre impuissance… Et je crois qu’on devrait le faire et ne pas rester seul.e.s dans cette situation si sérieuse. Ça peut nous permettre d’être plus disponibles aussi pour tendre l’oreille à la personne qui nous est si chère.  

Il est tout à fait naturel d’être alarmé et d’avoir peur de perdre la personne quand on tient à elle, que ce soit un proche ou un.e patient.e. C’est parce qu’on tient tant à l’autre qu’on a tant peur d’être confronté à le perdre… Je pense que si on n’était indifférent à cela, là il faudrait se poser des questions. Il en demeure que la personne a besoin d’être entendue et accueillie dans sa souffrance, plus que tout. La peur et l’impuissance ne justifient pas le manque d’écoute ou le tabou entourant la problématique du suicide.

Ouvrir ses oreilles et ouvrir son cœur à l’autre pour recevoir cette souffrance sans jugement et avec toute la compassion dont il.elle a besoin peut vraiment faire toute la différence.

Pour de l’aide immédiate, vous pouvez contacter Suicide Action Montréal : 1 866 277-3553 ou les centres de crise de votre région. Lien pour centres de crise : https://www.centredecrise.ca/

 

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