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La journée où j’ai réalisé que j’avais besoin d’aide

Le 30 janvier dernier, c'était le très populaire, parfois controversé, Bell cause pour la cause. Cette journée-là, on parle énormément de santé mentale. Partout sur les réseaux sociaux, on voit des témoignages passer sous différentes formes et sur différents sujets. Je sais pas pourquoi, mais cette année, j'ai été confrontée à plusieurs textes sur la dépression et l'anxiété. Comme je m'intéresse à la santé mentale, je les ai pratiquement tous lus avec plaisir.

Le soir même, j'avais passé une particulièrement belle soirée à la job et j'étais de bonne humeur. Puis, je me suis couchée avec mon amoureux et j'ai fini par pogner les nerfs pour une niaiserie. Comme ça arrive très souvent ces temps-ci. On dirait que j'analyse chaque micro-détail de ce qu'il fait ou pas, de ce qu'il dit, de notre relation, et que tout est matière à la colère. Pourtant, mon copain est doux, impliqué, très drôle, patient, amoureux et une excellente personne. Et je l'aime encore très fort. Pourtant, ce soir-là, comme plusieurs autres ces temps-ci, je n'étais pas capable de me calmer, de me raisonner, de redevenir joyeuse. Ça a gâché notre fin de soirée. Comme toujours depuis quelque temps.

Après, ça m'a pris beaucoup de temps à m'endormir. Alors que d'habitude, je m'endors à la seconde où je mets ma tête sur l'oreiller. 

Et c'est là que j'ai compris. J'ai besoin d'aide.

Ça fait un an que ça feel pas. Que y'a pu grand-chose qui me rend joyeuse ou me distrait. Que je trouve rien dans ma vie qui soit digne de mon intérêt. Que je m'enfonce dans ma routine en essayant d'engourdir mon cerveau. Que je déverse tout mon mal-être sur mon couple. Que les seuls moments où je suis bien, c'est quand on fait l'amour ou que je fume du pot toute seule avant d'aller me coucher.

Que je recommence à me trouver laide et que ma confiance en moi est redevenue inexistante, mais que j'essaie de pas trop me regarder ou y penser. Que ça fait longtemps que j'ai pas été fière de moi, que je me déçois, même. Que chaque petite chose devient une montagne. Que j'ai aucune patience pour rien ni personne. Qu'un ingrédient oublié dans une recette est un prétexte suffisant pour piquer une crise qui se termine en larmes dans mon lit. Qu'un ami qui ignore mon message alors qu'il est en ligne est assez pour occuper toutes mes pensées et me faire pleurer. Que je sers souvent les dents, que je suis devenue une fille colérique, alors que je suis reconnue pour être la personne douce qui ne se choque jamais, pas assez, même. 

Habituellement, je suis quelqu'un qui parle sans cesse et ouvertement de ses sentiments, ce qui fait que je m'auto-analyse constamment et que je suis capable de trouver des solutions rapidement. Je suis la personne forte, solide, extrêmement résiliante, qui abandonne jamais rien ni personne, se retrousse les manches rapidement et essaie toujours de voir le bon côté des choses. Mais depuis un an, je suis devenue la carcasse de moi-même. Je m'enfonce dans la vie quotidienne sans me donner de coup de pied aux fesses, ce qui me ressemble pas. Je parle de tout ça à personne, parce qu'on dirait que je sais pas quoi dire, par quel bout prendre tout ça, et que j'ai honte de devenir la personne passive, mais qui pète des crises à son chum pour rien, parce que je me reconnais pas là-dedans. Les fins de semaine, où d'ailleurs toutes les occasions sont bonnes pour me défaire la face, j'en glisse parfois quelques mots à mes amis, mais à peine. Je veux pas être la casseuse de party. Je veux enfin avoir du fun

Je me lève tous les jours pour aller à la job, mon hygiène n'a pas changé, je ris, ma personnalité est encore là, je fais tout ce qu'il faut, je dors et mange bien, je fais du sport, mais à l'intérieur, on dirait que c'est pu pareil. Il y a une partie de moi qui m'a quittée, pour laisser place à quelqu'un d'éloigné du monde, froide et désagréable avec la personne qui partage sa vie.

Ça peut pas continuer comme ça. Je vais me botter les fesses et aller chercher l'aide qu'il me faut. Je me suis trop reconnue dans les témoignages de dépression. 

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