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Lettre à ma mère sur le féminisme
Crédit: Jon Flobrant/Unsplash

Chère maman,

J’aimerais te parler d’un sujet qui te fait dresser les cheveux sur la tête, mais qui me tient à cœur.
Je pense au fond qu’il est tout aussi important pour toi même si tu l’ignores. J’ai décidé de t’écrire à travers ce blogue, parce que c’est en t’en parlant que j’ai compris qu’il y avait ce grand fossé entre nous à propos du féminisme. Oui, c’est de ça que je souhaite de parler. Je te rappelle que lorsque je t’ai annoncé que j’intégrerais les rangs d’un blogue féminin et féministe, tu as grimacé.

Crédit : Giphy

Ma chère maman, je sais ce que tu penses. Tu as peur pour moi. Tu crains que je brûle ma brassière sur la place publique, que je sorte dans la rue la face peinturée de noir les boobs à l’air, qu’on m’arrête, me menotte et m’envoie en prison. Pour toi, féminisme rime avec les méchantes manifestations violentes de femmes enragées qui s’exposent à des peines de prison.

Mais non, maman, le féminisme, ce n’est pas ça.

Crédit : Giphy

Le féminisme c’est de s’affirmer contre la culture du viol et lutter pour que nous, en tant que femmes, n’ayons plus peur constamment d’être victimes de violence physique, sexuelle ou psychologique. Tu sais, cette peur au ventre quand on marche dans les rues en tant que femme? Je la ressens constamment, encore plus ici, quand je déferle seule dans les rues de la capitale chilienne. Ou alors, tu sais, toutes ces femmes assassinées violemment dont on entend parler dans les nouvelles? C’est de ça que je parle. Est-il normal qu'en tant que femmes, nous gagnions moins, ayons peur pour notre sécurité et soyons peu présentes dans des postes élevés?

Le féminisme, c’est aussi de prendre place sur les tribunes tel ce blogue pour dénoncer les injustices et les inégalités dont nous sommes victimes encore aujourd’hui, et toi même tu sais de quoi je parle. Tu as récemment obtenu, après plus de 25 ans, l’équité salariale, et tu sais pertinemment que nous ne sommes pas souvent respectées en tant que femmes dans nos milieux de travail. Tu te souviens quand j’avais six mois et que tu as dû retourner au boulot alors que tu m’allaitais encore? Cinq ans plus tard, quand ma petite sœur est arrivée, tu as eu un congé de maternité plus décent. Cela vient de la lutte féministe qui a permis d’avancer sur ce point.

Être féministe, c’est s’allier, femmes et hommes, pour nous éduquer sur nos droits et les défendre. Ce n’est pas de se regrouper contre l’autre sexe et vouloir qu’on lui enlève ses droits, comme certains aiment te le faire croire.

Tu sais, il y a plusieurs formes de féminisme. Certaines sont plus radicales que d’autres, comme dans chaque mouvement social, mais ce n’est pas une raison pour étiqueter l'ensemble des féministes comme des enragé.e.s.

 
Crédit : Giphy

Étant parents de deux filles devenues femmes, toi et papa nous avez transmis des valeurs qui sont féministes. Vous nous avez appris à nous respecter et à nous faire respecter, notamment. Vous nous avez appris à ne pas accepter la violence et l’injustice envers les femmes et il s’agit d’une forme d’éducation au féminisme.

Tu sais, j’ai demandé à d’autres collègues du blogue et nous sommes plusieurs à constater ce fossé entre nos visions et celles de nos parents. Je pense que certaines personnes de votre génération ont été traumatisées par le mauvais traitement que certains médias ont fait aux féministes à travers le temps.

Maman, s’il te plaît, je te demande un petit effort. Essaie de ne plus rouler les yeux quand tu entends le terme féminisme, et pense à tous ces exemples que je viens de nommer, mais surtout pense à nous.

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