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La somatisation : quand la douleur psychologique fait mal au corps
Crédit: Marjan Apostolovic/Shutterstock

J’ai consulté plusieurs psys dans ma vie. Ça n’a jamais cliqué, et je dois dire que je n’ai jamais vraiment voulu persister. Chercher de l’aide et ensuite réaliser que ça fitte pas avec la personne qui doit vous aider en théorie, c’est vraiment démotivant. Par contre, un jour, un de ces psys m’a fait comprendre un truc qui m’a un petit peu éclairée : je souffre d'anxiété et je somatise pas mal.

Depuis toujours, mon corps réagit fortement à mes émotions, parfois même plus que ma tête. C'est ça, la somatisation. Quand une douleur psychologique est exprimée par une douleur physique (merci, Wikipédia). Ça ne veut pas dire que tous mes maux physiques sont toujours causés par un mal psychologique. C’est plutôt que j’ai un corps très sensible et réactif à mes états d’esprit. J’ai souvent passé des périodes d’examens extrêmement stressantes, ponctuées de crises d’eczéma et de migraines, mais avec l’esprit assez clair pour faire ce que j'avais à faire malgré l'anxiété. Ma mère dit que j'ai un tempérament anxieux depuis ma plus tendre enfance. 

Je suis une perfectionniste, une over-achiever, toujours à planifier la prochaine étape de mon parcours, qu’il soit scolaire ou professionnel. J’ai besoin de stimulation constante. En m’empêchant de m’arrêter, j’évite aussi de ressentir des émotions douloureuses, même si mon corps, lui, continue de subir. Ça, je le sais depuis longtemps. Sauf que quand je m’arrête, l’anxiété prend encore plus le dessus. J’ai essayé plusieurs fois d’apprivoiser le moment présent, mais sans succès.

Mon corps n'avait pas trop mal toughé jusqu’au mois d’avril 2016, où ma mère a reçu son diagnostic de cancer en phase terminale. Depuis ce moment-là, ben il n’en peut plus. Et ma tête non plus. C’est comme si mon cerveau avait finalement rejoint mon corps dans son naufrage.
 
J’ai 25 ans, toutes mes dents, mais aussi des migraines fréquentes, de l’eczéma partout sur le corps (ou presque), un système digestif hyperactif, je souffre de vulvodynie, je vis des déprimes cycliques, pis y'a cette anxiété qui me bouffe de plus en plus. Je suis constamment en gestion de stress, de douleur, de toute. Mon nouveau projet : guérir mon corps. Sauf que ça implique que je soigne mes bobos de tête aussi.
 
J’ai essayé de faire de l’introspection, d'affronter ces émotions qui font mal et que je réprime (m'a-t-on dit). Mais je crois que j’enfouis tout trop bien depuis que je suis toute petite. Je n’ose plus me confier à ma mère, c’est à moi de la soutenir maintenant, et c’était ma plus grande confidente.
 
Je ne pense pas pouvoir faire face seule à tout ce qui se passe dans ma vie. Aujourd’hui je me sens prête à chercher de l’aide à nouveau, je suis même sur une liste d’attente au Centre Saint-Pierre – ils offrent des services psychologiques à un prix basé sur les moyens de leurs clients.
Je trouve ça un peu dommage d’avoir eu à subir un choc émotionnel aussi grave – et de souffrir autant physiquement – pour enfin avoir envie de me soigner. Mais en même temps, je me dis que j’avais aussi le choix de me laisser sombrer, pis que j’ai refusé.

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