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Réflexion collective sur l’appropriation culturelle
Crédit: DESTA Black Youth Network

Le débat entourant l’appropriation culturelle a la cote ces derniers temps (et depuis toujours). Le concept est sur toutes les lèvres et un peu partout dans la sphère médiatique. TPL ne fait pas exception. Cette fois-ci Alex, Sonia, Audrey et moi-même avons décidé de vous expliquer ce que signifiait pour nous l’appropriation culturelle et pourquoi ce concept revêt une importance capitale dans nos vies.
La conférence, Real Talk – Cultural Appropriation, nous a inspiré ce billet collectif.

Mon opinion au sujet de l’appropriation culturelle a beaucoup changé au courant de la dernière année. Dès qu’il était question d’appropriation culturelle, j’avais des propos très catégoriques. Cependant, j’ai rencontré des personnes ayant une position plus extrémiste que moi et j’ai réalisé qu’être aussi intense dans sa vision des choses ne servait pas grand-chose. La ligne entre l'appropriation culturelle et l’échange culturel est tellement floue qu’il faut apporter une certaine nuance dans notre position. J’ai conscience que le concept n’est pas encore acquis par tous, et qu’il faut laisser une chance aux individus de bien l’assimiler.

En fonction du contexte, il devient difficile de constamment interdire les gens de « vivre ».
Dans la vie, il faut choisir ses batailles, et personnellement, être la police de l’appropriation culturelle n’en fait pas partie. 

Alex : On vit dans un système qui est indéniablement raciste. Mais ce sont des injustices qui sont faciles à ignorer quand elles ne nous affectent pas directement.
Alors pour moi les débats sur la réappropriation culturelle sont très simples : j’ai l’obligation d’écouter ce que les personnes de couleur ont à dire sur ces problématiques qui les touchent directement. Aux vues du nombre d’articles qui expliquent ce qu’est la réappropriation culturelle, en quoi elle nuit à des communautés qui peinent encore à se réapproprier des symboles pour lesquels ils ont été longtemps marginalisés et ridiculisés… Toutes les réponses sont là. Il est temps d’écouter plutôt que de chercher à se justifier.

L’idée de renoncer à certains morceaux de vêtements, certains styles capillaires, ou même certains slangs ne me fait pas de peine, pas plus que ça ne me donne l’impression de me replier sur moi-même ou de cloisonner les cultures. Je vois mes échanges culturels devenir beaucoup plus riches parce que je cherche justement à comprendre l’origine de certains symboles, à engager une conversation qui m’ouvre sur l’autre plutôt que d’en tirer quelque chose que je trouve « cute ». C’est en établissant un dialogue qu’on finit par être moins étrangers.

Sonia : Réfléchir sur l’appropriation culturelle m’a amenée à me poser plusieurs questions sur la relation que j’entretenais avec ma propre culture. Une culture que j’ai reniée pendant très longtemps, sans jamais vraiment prendre le temps de la connaître. Écrire sur les divers cas d’appropriation culturelle des dernières années m’a poussée à m’éduquer. C’est un peu à travers cette réflexion que j’ai trouvé un semblant d’équilibre identitaire.
Pour ce qui est de la problématique en tant que telle, j’ai changé mon fusil d’épaule. Je crois toujours que d’utiliser un symbole ou un objet culturel d’une communauté opprimée à des fins mercantiles est un manque de respect et surtout un manque flagrant de sensibilité envers autrui. Par contre, je ne crois plus que les interdictions soient la solution. Interdire sans comprendre le comment du pourquoi, sans saisir le fondement du principe reste à mon sens un geste sans grande portée. Et de se battre contre les industries de la mode, le marketing, le capitalisme, alouette, est à mon avis peine perdue. La clé réside dans le savoir. Lisez. Informez-vous. Questionnez. En ce qui concerne les communautés culturelles, soyez fières de votre héritage. Célébrez-le. Portez-le. Affichez-le. C’est uniquement  de cette manière que les industries feront marche arrière.

Audrey : En tant que femme blanche cisgenre, je suis au courant de ma position privilégiée et de la dynamique de pouvoir entre l’oppresseur et l’opprimé. J’essaie d’utiliser mon privilège pour être une alliée envers les personnes de couleur et tous les gens qui sont victimes d’injustice. En tant qu’alliée, je pense que je me dois d’écouter pour en apprendre plus sur les inégalités qui persistent encore aujourd’hui dans notre société et faire preuve d’ouverture au lieu d’essayer de parler par-dessus les personnes de couleur et d’invalider leurs expériences. Je ne suis pas parfaite et je ne prétends pas posséder la science infuse, mais, en me renseignant plus sur des sujets comme l’appropriation culturelle, j’essaie de faire ma part pour une société plus ouverte et égalitaire.

Quelle est votre réflexion sur l'appropriation culturelle? 

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