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Pourquoi j’ai décidé de mettre un selfie en soutien-gorge sur Internet.
Crédit: huffingtonpost.com

Moi, je suis une p’tite fille de HoMa. J’ai, dirait-on, eu une enfance privilégiée, comparativement aux autres enfants du quartier. Je suis enfant unique et j’ai toujours été « gâtée pourrie » par mes parents. Je n’ai jamais manqué de rien, excepté d’une chose : d’amour-propre.

Quand je jase avec du monde, je m’affirme geek sans hésiter, sauf qu'à l’époque, une fille avec un Game Boy Color, ce n’était PAS cool. Même chose pour mes succès scolaires : je peux me réjouir d'avoir une bonne cote R parce que c'est important, mais quand j'étais plus jeune, être bonne à l'école était dévalorisé par mes pairs.

Mais ce n'est pas ça, l'élément déclencheur de toute cette histoire. C'est beaucoup plus simple que ça. Tellement simple qu'il suffirait d'une photo pour que vous compreniez ce dont il est question.


Ma p'tite bouille en maternelle.
Crédit : Daniel Paquin/Facebook

 

J'étais un p'tit gars manqué, tant en dedans qu'à l'extérieur. J'avais les cheveux courts et frisés et ma mère m'habillait avec des tenues typiquement infantiles, mais pas les plus féminines qui soient. J'étais, at first sight, une cible potentielle de moqueries pour les autres enfants.

Les années ont passé et mon corps s'est développé en commençant par ma pilosité. Au début, ces nouveaux poils sur mes jambes, il me semblait facile de les cacher. Pour les cours d'éducation physique, j'avais juste à me changer dans un cubicule. Je passais pour la fille prude et ma mère jugeait qu'il était trop tôt pour que j'utilise un rasoir.

Quand j'ai commencé à avoir de la moustache et des sourcils plus fournis, ç'en était fini. Les autres enfants l'ont vite remarqué. Dès cet instant, tout de mon apparence est devenu un complexe : mon teint pâle, ma myopie, puis ma cellulite. Je voulais rester cachée à jamais.


Crédit : f-cking-depressed/Rebloggy

Lorsque j'ai décidé de mettre une photo de moi portant le nouveau soutien-gorge flexible de la Vie en Rose dans mon billet, je m'attendais à deux éventualités. La première, que je ferais face à du slut-shaming, et la deuxième, que mon billet ait beaucoup de vues. Comme de fait, il a été consulté près de 2 600 fois, et à ma grande surprise, je n'ai eu que des commentaires positifs.

Aurais-je eu autant de vues si je ne l'avais pas incluse, cette photo? Sûrement pas. La réceptivité du lectorat aurait-elle été différente si c'était quelqu'un d'autre que moi qui l'avait fait? Peut-être bien. Toutefois, quel que soit le motif qui puisse pousser quelqu'un à dévoiler une partie de son intimité sur Internet, personne ne mérite d'être dévalorisé.

Slut-shamer une femme parce qu'elle se montre sur les réseaux sociaux, ça revient exactement à intimider un enfant de 6 ans parce qu'il est moins beau que les autres. C'est juger autrui en se basant sur les apparences.

En publiant ce selfie-là, je me suis donné une chance d'être bien dans ma peau, d'être bien dans ma tête et d'être bien avec moi-même, et ça, rien ni personne ne pourra me l'enlever.

Est-ce qu'il y a un moment charnière de votre vie où, vous aussi, vous vous êtes donné la chance d'être bien dans votre peau et de vous aimer?

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