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Faire un pied de nez à la honte : je fais de l’hyperphagie boulimique et j’apprends à me guérir.
Crédit: Pony/Facebook

Je n’avais jamais vraiment parlé de ÇA avant.
 
Bien sûr, les pros de mon cerveau (médecin, psychologue et autre ribambelle de spécialistes) savent que ÇA fait partie de moi.

Dans ma tête, c’est l’ultime tabou. Cette chose dont je ne dois pas prononcer le nom si je veux garder le contrôle de la parfaite Myriam. Un coming out public (désolée, les amis). J’en ai besoin. Parce que les maladies mentales, c’est encore un sentier battu dans l’opinion publique, où le tabou est roi.

À go, je le dis et ÇA va être vrai.

À go, je le dis et je vais pouvoir commencer à guérir.

Je suis boulimique. Plus précisément, je fais de l'hyperphagie boulimique. 

Ma boulimie n’est pas née de la dernière pluie. Elle joue à la cachette avec ma raison depuis quelques années déjà. L’anxiété qui infiltre les parois de mon équilibre cérébral n’a pas trouvé les moyens de s’apaiser seule.

Elle me crie : « MANGE! ».
 


Crédit : Ed Freeman

J’ai peur de ses potentiels dommages sur mon être, alors je mange. Ma bouche est un ouragan sans pitié pour les pauvres biscuits qui tentent de résister à la tornade du mal et de la peur qui me prend au ventre. 

Le calme après la tempête. C’est pas mal là le pire boutte. J’ai honte. Une grosse honte sale et laide deep down en dedans de moi. Quand j’étais plus jeune, c’est le moment où j’avais besoin de vomir la honte. Oublier que la boulimie avait encore gagné. Jusqu’au jour où mon copain m’a surprise dans la salle de bain. Il semblait vraiment désemparé. Semi-spécialiste de toute, il m’a expliqué que me faire vomir à répétition pouvait entraîner de sévères dommages à mon œsophage et à mon estomac. Il m’a dit qu’on était une team et qu’il allait m’aider.

J’ai arrêté de me faire vomir.

Par contre, je n’ai pas été capable d’arrêter les tempêtes d’ingurgitation.

Je fais donc maintenant de l'hyperphagie boulimique.
 
Maintenant, quand ça arrive, je me sens comme la pire des connes. Je me déteste. J’ai envie de me faire du mal, mais je résiste. Je laisse ma mare de larmes me noyer un peu.
 
Je n’en ai jamais vraiment parlé. Dans la tête des gens, une femme en chair boulimique, ça ne se peut pas vraiment.


Crédit : Célia Marquis 

 
Mais en ce moment, j’ai le goût d’être mon amie. Arrêter d’avoir honte de ce que je suis. Me faire du bien semble maintenant plus profitable que de me faire du mal. Je veux être douce avec ma tête. Je veux réussir à guérir avec mon psychologue. Je pense qu'en parler, c’est déjà un estifi de gros pas de géant.  

Mais t'sais, arrêter de s’haïr, ce n’est pas le plus facile des combats.

J’apprends. Une bataille à la fois.

Si les troubles alimentaires prennent trop de place, il y a :  www.anebquebec.com.

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